Catastrophe ferroviaire
Argenton sur Creuse
Samedi 31 Août 1985 – 0h08
C’est par une tragique erreur humaine que le train de voyageurs venant de Paris en direction de Port- Bou est entré en collision avec le train postal Brive-Paris à ARGENTON sur CREUSE
Rappel des faits
Le train tractant 14 voitures de voyageurs dont 6 en couchettes traverse la gare d’Argenton à 100 km/h . Pour des raisons de travaux sur la voie, le ballast est fragilisé, la vitesse est limitée à 30 Kms/h. Le conducteur s’aperçoit de sa vitesse excessive. Il utilise le frein de secours. Le train est dans une courbe avec dévers, et s’incline vers l’intérieur. Le convoi arrive sur un aiguillage, 10 voitures déraillent ! La plupart des wagons reste debout. Seules les voitures 18 & 17 du dernier tiers s’inclinent, elles empiètent sur la voie de droit. Des voyageurs tombent de leur couchette. Un important nuage de fumée se dégage.
En face, le train postal « Brive / Paris » arrive sans limitation de vitesse : il circule à 100 km/h. Son chauffeur est aveuglé par l’important nuage de poussière. Il freine sans pouvoir stopper son convoi. Le choc est inévitable.
La motrice est encastrée dans un compartiment de voyageurs de la voiture N°17, après avoir laminé le couloir d’extrémité, les W.C. et le premier compartiment sont écrasés. La majeure partie des éléments intérieurs a été poussée par la motrice dans la voiture N°18,
Les victimes sont compactées entre des amas de cloisons et les effets de couchage. Seul un mur de pieds et de têtes est visible …
L’appel des secours
Un voisin alerte les secours à 0h 10.
D’importants moyens sapeurs-pompiers sont dépêchés sur les lieux. Les 1er secours se présenteront à 0h14.
Situation à l’arrivée
Une foule de voyageurs commotionnés descend du train sur le ballast et se dirige dans le noir en contre bas de la voie ferrée, avec bagages et enfants.
Ils découvrent un environnement psychologique très dur, de nombreux blessés incarcérés, des voyageurs hébétés, ils entendent des cris de détresse, les pleurs des familles touchées, en attente de nouvelles des leurs.
Face à la multitude des cas d’urgence à traiter, les moyens engagés pour l’heure sont insuffisants.
L’impuissance des sapeurs-pompiers est totale, ils ne peuvent engager aucune désincarcération faute de matériel adapté . Le déclenchement du plan Orsec est demandé, il sera validé à Oh30…
Organisation des secours
Les renforts demandés (sapeurs-pompiers, gendarmerie, SAMU) commencent à arriver, les secours s’organisent. De plus, des renforts des départements 18, 23, 37, 45, 86, 87, sont sollicités.
L’accès aux voitures accidentées ne peut se faire qu’à partir d’une route en contrebas d’un petit sentier et d’un escalier. La voie ferrée surplombe de 6 à 7 mètres les terrains avoisinants (des voyageurs ont failli chuter du pont !). L’éclairage public troue à peine les ténèbres. Le temps est clément. Les tentatives de dégagement à l’intérieur des voitures se font au prix d’efforts sans relâche, manuellement, dans un vacarme impressionnant.
Au total, plus de 250 sapeurs pompiers seront engagés pendant la nuit. Les opérations s’achèveront dans la matinée.
Bilan des victimes
Le train de voyageurs transportait 450 personnes. Le bilan provisoire à 2h00 est de 20 morts et 100 blessés, le dernier blessé sera dégagé à 7H00
Le bilan au soir du 31 août sera de 43 morts, 40 blessés dont 20 urgences immédiates (15 extrêmes urgences et 5 U1), 20 urgences relatives (U2 – U3).
Les dernières catastrophes à la SNCF
La troisième catastrophe ferroviaire en moins de deux mois en France :
Le 5 juillet 1985, le train Le Havre/Paris avait percuté une semi-remorque engagée dans un passage à niveau à ST Pierre du Vauvrey (Eure) Bilan 9 morts et 55 blessés
Le 3 Août 1985 à 15h48, un train et un autorail s’étaient percutés de plein fouet sur une ligne à voie unique près de Flaujac (Lot) bilan 35 morts et 165 blessés.
Témoignages de reconnaissance
Tous les sapeurs pompiers ayant participé à l’intervention ont reçu de Mr le Préfet de l’INDRE un témoignage de satisfaction « mention honorable ».